Jacques Jurquet – Algérie 1945 -1954 des elections à la lutte armée

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Jacques Jurquet, quel a été votre parcours personnel, familial et professionnel ?

Je suis né le 2 avril 1922 à Marseille, d’un père professeur de physique-chimie, par ailleurs adhérent du parti socialiste SFIO. En 1936 intervient une rupture idéologique mais pas familiale avec mon père : je soutiens les communistes dans la guerre d’Espagne et prends mon premier abonnement à L’Humanité.

Je me marie en 1941 avec Machla (Myriam) Feigenbaum, réfugiée en France avec sa famille en 1931 pour fuir les pogroms antisémites survenant en Galicie polonaise (Kozowa, située non loin de Lwow). Nous aurons trois enfants « de guerre » : Claude né le 29 janvier 1942, qui deviendra professeur dans l’enseignement supérieur et qui est actuellement retraité ; Michel né le 13 août 1943, psychiatre et psychanalyste à Orléans ; et enfin Viviane, épouse Kleinmann, née le 6 novembre 1944, qui est devenue professeur de dessin et travaux manuels, elle aussi en retraite et habitant Maisons-Laffitte. J’ai également 15 arrière-petits-enfants si on réunit ceux de mon premier mariage avec ceux de ma femme Baya.

Après la guerre, Myriam est atteinte de psychose binaire, comme le philosophe Althusser. Je me sépare d’elle en novembre 1959 et je vis alors avec la dirigeante communiste des femmes algériennes Baya Bouhoune, qui deviendra Baya Jurquet en 1978. Baya participe à de de nombreux Congrès mondiaux (Budapest, Vienne…). Elle assiste comme invitée observatrice au Congrès des Femmes d’Asie en Chine, dès 1949. A cette occasion, elle rencontre Chou Enlai, le Maréchal Chou Teh, ainsi que le dirigeant coréen Kim Il Sung. Baya décède le 7 juillet 2007 à l’âge de 87 ans. Je suis donc veuf depuis 2 ans et demi.

Mes parents, qui seront honorés comme « Justes parmi les nations » du fait d’avoir sauvé quatre enfants et adolescents juifs en 1943 et 1944, à Poligny dans le Jura, décèdent à Marseille respectivement en 1967 et 1985. Ils sont devenus communistes après la guerre au moment de leur retraite, après le rejet du Parti socialiste dés 1940.

Je suis devenu en 1946 inspecteur des impôts pour pouvoir élever mes enfants. J’avais réussi le concours pour cette fonction en 1942 à Marseille, mais n’avais jamais rejoint l’école des Impôts puisque j’étais devenu clandestin. Sur ma demande, début 1968, j’obtins un congé sabbatique d’un an. En vérité je résidais à Paris pour diriger le Parti communiste marxiste-léniniste de France, fondé le 31 décembre 1967. Je devins clandestin à partir du 12 juin 1968 en tant que secrétaire général du PCMLF interdit par le ministre de l’Intérieur Raymond Marcellin qui avait reçu la francisque de Pétain. Je suis sorti de clandestinité en 1978 au moment ou le PCMLF devient le PCML.  Je suis admis à la retraite de mon administration de façon anticipée, grâce à mes temps de résistance et de première armée.

Tous ces faits sont relatés dans mes ouvrages autobiographiques.